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Besalampy-Chicago.. Carnet de vol d'un Pilote de ligne malgache..
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7 décembre 2013

Une journée au travail

10h30, je reçois un appel de notre agent d'OPS pour me dire que j'ai un vol cet aprem à 16h pour Besakoa, où je passerai la nuit, puis retour le lendemain matin sur Majunga. Ensuite, après refueling, jai 3 étapes intermédiaires et un retour à la base. Une demie heure avant le ramassage, je prépare mon sac à dos, un tee-shirt, short, le chargeur de mon iPhone, du savon et brosse à dents. A 15h, la voiture se pointe, et je me mets en route pour l'aéroport.

16h10, on décolle. Cap à l'Est, monte au niveau 35. Le stormscope ne fonctionne pas. Il y a des nuages par-ci et par là, mais pas d'orage dans le secteur. Verticale terrain à 1000 pieds, le vent est plein de travers. Je prends la 14, comme c'est celle que j'utilise fréquemment. Il doit être dans les 10kts, travers gauche. L'agent de piste nous place sur le parking. Moteurs arrêtés, on débarque, les pax s'en vont en voiture pendant que moi je sécurise l'avion avec les agents au sol: ils m'aident à attacher l'avion aux piquets et mettre mettre le cache Pitot. Je vérifie le niveau de carburant restant et scotche les bouchons de réservoirs afin d'éviter toute entrée d'eau dans ces derniers. Dernière vérification dans le poste de pilotage, surtout que le frein à main est desserré et la batterie sur OFF.

 

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La voiture revient me chercher et on se dirige à la base vie où on me donne un bungalow climatisé, une serviette et un savon de toilette. Confortable pour passer la nuit. A 19h30, le repas est servi au réfectoire. Ce soir, au menu, il y a du potage de légumes, des crevettes sautées à l'ail avec du riz et de la papaye en dessert. Quelques mots échangés avec mes compagnons de table, et le repas terminé, je vais me coucher.

Debout à 6h15. Mon vol est prévu à 8h. A 7h, je vais à la piste en voiture. Je commence la check "visite journalière" et pointe chaque item vérifié. Il a plu la nuit, mon scotch a tenu. Je revérifie le carburant, effectue la purge et voit que dans le réservoir auxiliaire droit il y a une quantité importante d'eau. Ceci est du à la formation de l'eau à l'intérieur des réservoirs quand ceux-ci sont restés vides pendant quelque temps par le phénomène de condensation. Avant de les utiliser, il faudra les vider complètement. Je finis ma visite, signe le CRM et démarre l'avion our les essais moteurs. Mes pax sont arrivés. Le responsable Sécurité fait le devis de masse en pesant chaque passager et son bagage. Il y a 3 cadres de l'entreprise qui ont une réunion cet après-midi à Majunga.

7h56, on décolle. Montée à 2500 pieds. Le ciel est couvert. Je vois des CB un peu partout sur le stormscope. Il fait 29°C au sol. 20 minutes plus tard, les roues touchent le sol. Je me gare sur le parking face au mécano. On débarque, et je file dans la salle des OPS pour remplir les papiers de l'avion. J'ai un trip de 3h30 qui m'attend. Je prends 300 litres de 100LL. Première destination Besalampy, à l'Ouest, à une heure de voll. Il y a un receveur du Trésor Public qui veut mettre son gros sac de billets sur le siège copi, chose que je refuse directement. Je le place alors sur la banquette arrière avec son sac à côté, et sur le siège copi je prends un pax. L'autre dame vient de la Réunion, elle descend à Tambohorano. Sur le parking, on entend des tonerres. Le ciel est gris au-dessus de nos têtes. J'aperçois un éclairci et du bleu au loin vers l'Ouest. Je décide alors de monter par cet endroit.

9h30, on décolle pour Besalampy. On entre rapidement en IMC, et je demande au contrôleur le niveau 65, au lieu de 85. Le ciel se dégage pour être complètement VMC à mi-chemin. je poursuis le vol au niveau 65 en traversant quelques cumulus. Le Cessna 208 Caravan a décollé 15 minutes après moi, et va pour la même destination. A la verticale du terrain, j'aperçois une foule à l'aéroport. D'autres se précipitent au bruit de l'avion. J'ignore la raison de cette masse populaire mais il est vraisemblable qu'ils viennent accueillir une personnalité importante. La piste 08 est en service. Atterrissage, freinage, et remonte la piste. Le vacarme commence à se faire entendre dans la cabine, les dames dansent sous leur vêtement traditionnel, une espèce de tissu imprimé enveloppant tout le corps à partir de la torse. La porte arrière de l'avion s'ouvre, les passagers descendent un à un mais il semble que leur star n'était pas à bord. Quelques agents de police les empêchent de venir jusqu'à l'avion. A peine qie leur déception se laisse voir sur le visage, que le Caravan fait lui aussi une verticale. De l'espoir revient..

De ce grand Caravan descendent 9 personnes, dont la princesse de Besalampy et la candidate au poste de député. Les dames se mettent à chanter, des cris de joie et de bienvenue jaillissent de partout. Je profite de l'occasion pour prendre quelques clichés. Les flics ne peuvent pas les arrêter, ils sont tous près de l'avion.

 

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On débarque les bagages de mes pax ainsi que le gros sac de pognon, je signe le manifeste passagers que notre agent d'escale me donne, vérifie le poids et leur répartition et on embarque aussitôt. J'ai la réunionnaise qui va à Tambohorano, et embarque deux autres qui vont à Majunga. Prochaine destination: Maintirano, à 40min de vol au Sud. Le temps commence à se gâter, on a quelques orages en route, je me faufile en m'aidant du stormscope, et reste au niveau 35. Impossible de capter Tana Info (SIV, 128.90), j'appelle directement l'agent AFIS de Maintirano. Ce dernier me donne les paramètres. Je poursuis mon zigzag entre les CB. Effectue une verticale et prend la piste 28. Le vent est quasi dans l'axe. Le bout de piste semble inutilisable et présente des bosses, je vise alors au-delà du seuil. La piste fait 1000 mètres, assez pour stopper l'appareil avant le taxiway. Au freinage, un vélo traverse la piste très tranquilement, tout en regardant l'avion. Les gens en brousse n'ont aucune idée de la notion de sécurité que l'ont inculque dans le métier. Y a eu une fois où des gens faisaient du jogging sur la piste pendant que j'étais à 300 mètres au-dessus de leur tête pour la verticale. Très souvent, des zébus broutent l'herbe, sans que personne ne les dérange.

Nous avons 200 litres de fuel dans le dépôt d'ACM. Je vais en prendre 120 après avoir vérifié ce qui me reste. L'agent AFIS s'approche de moi et me demande deux places pour une mère et sa fille qui est malade. Le père de famille est désespéré, il voulait les envoyer à Tana par voiture, mais les routes sont très difficiles en cette saison de pluie. J'appelle alors notre commerciale qui me donne le tarif pour les deux, que le père accepte immédiatement et me sort l'argent. Du calme, on ne va pas compter ça devant tous ces gens.. J'embarque ses bagages et lui dis de patienter pour le paiement. Deux gars de l'ACM font des allers retours pour remplir mes réservoirs. Je règle les redevances d'atterrissage à l'agent AFIS, récupère les sous de mes nouveaux compagnons, et nous sommes prêts pour le reste du voyage. Il est 13h.  Mes pax ont attendu 1h dans le terminal (ils en ont un et un bien entretenu par contre !!). On embarque tout le monde. Le vieux et sa fille qui sont montés de Maintirano tout au fond, et la mère et la fille sur un siège du milieu, et puis notre géologue Chinois près de la porte de secours. Comme il est assez corpulent, je ne le mets pas devant. La dame de Tambohorano va se mettre en siège copi, c'était la seule configuration possible: le vieux ne peut pas se mettre près de la sortie de secours, ni la mère avec son môme. J'effectue une dernièe vérification de l'extérieur de l'avion pour ne rien oublier et puis je m'installe à bord.

Mise en marche et je remonte la 28. Des gens se mettent au milieu de la piste perpendiculaire pour voir le décollage. Chose improbable sur un aéroport contrôlé. Il y a deux jours, un zébu a tenté de traverser et se mettre en bout de piste pendant que je la remontais. J'ai stoppé l'avion et le gars de la sécurité sur place l'a chassé.

Volets sur 15°, mise en puissance, et manche en position cabrée (soft take-off), on prend de la vitesse. A 50kts, le nez monte par effet de sol, je le repousse et garde en ligne de vol jusqu'a atteindre la vitesse de rotation 62kts puis monte à 90kts. Les roues freinées, je continue dans l'axe jusqu'à 300 pieds sol puis effectue la check après décollage. Virage à droite et on longe la côte. Tambohorano est à 35 nautiques, 20min de vol. La météo n'est pas mauvaise sur ce trajet. La piste est située face à la mer, au milieu d'une énorme cocoteraie. Il y a une manche à air et aussi de la fumée. Le vent est dans l'axe, il doit faire dans les 12 kts. Une Jeep blanche est déjà sur place. Je fais une verticale et me pose sur la 32. Il y a des termitières partout sur la piste. Les gars les ont cassées avant notre arrivée, mais pas question de rouler dessus. Je fais du slalom avec mon bimoteur. Quelle partie de plaisir de voler en brousse et se poser dans des bleds paumés ! On débarque les pax, sauf le papy et sa fille qui restent assis derrière. Une fois les bagages débarqués et ceux du pax qui va monter embarqués, la fille du vieux me dit qu'il peut pas pisser. Je ne comprends pas ce qu'elle veut dire par là, et je viens le voir du côté de la porte, et je le vois en train de tenir une tuyau. C'est une sonde reliée à son organe génital. P****ain ce mec est malade et s'il arrive plus à pisser on est dans la m...e !! Qu'est-ce que c'est que ce bordel ??! Il me dit qu'il doit dévérouiller la sonde afin qu'il puisse faire son besoin. Eh ba je ne suis pas médecin ! Je demande à la fille qu'est-ce que le médecin leur a expliqué. Elle me dit qu'elle ne sait rien. Personne ne sait défaire ce truc. J'observe cette espèce de tuyau qu'il tient dans sa main, et me dit qu'il faut appuyer sur l'espèce d'arrêt situé sur le tuyau. Allez, je le prends et j'essaie de le déverrouiller, et ça y est c'est débloqué. Le mec me dit que maintenant ça va pisser et rien ne peut l'empêcher d'éclabousser tout le monde ! Il tient le tuyau en l'air situé vers le plafond de l'avion. Ca c'est pas possible !! Je lui de ranger ça dans le sac en plastique qu'il tient et qu'il fasse les besoins à l'intérieur. Pendant ce temps, le Chinois monte devant sans mon autorisation avec un gros sac à dos. Ils sont vraiment pas possibles ces gens !! Je ne luis dis rien pour sa place, car je l'aurais placé devant aussi, le pax qui vient avec nous c'est aussi un vieux. Par contre, je lui dis de mettre son sac dans la soute et qu'il peut garder son ordi avec lui comme il est en train de charger son téléphone avec. On a 1h30 de vol pour rentrer à Majunga, j'espère que personne n'éclaboussera mon avion.

 

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Une dernière partie de slalom entre les termitières, je m'aligne, plein gaz et soft take-off. Une fois les cocotiers passés, je vire à droite. Check après décollage effectuée, montée niveau 75. Le ciel est très couvert. Pendant 1h30, je regardais le stormscope et les nuages à l'extérieur à dévier à droit et à gauche. Je prends quelques centaines de pieds de plus pour éviter les nuages convectifs. A 55 nautiques de Majunga, je débute la descente. La piste n'est visible qu'à 10 nautiques. Je joins la base gauche et me pose sur la 32. Il est 15h25. Je remplis les papiers, et récupère mes affaires. J'arriver chez moi à 16h30. A 21h je suis au lit. Demain Besalampy à 8h30.

 

 

 

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Commentaires
R
chronologie parfaite.<br /> <br /> ça me fait rappeler des bons et vieux souvenirs!
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