Entretien d'embauche

Juillet 2017, lors de mon séjour en Tanzanie, je reçois un mail pour un entretien pour voler sur King Air 200 comme Pilote Medevac au Canada. J'avais postulé pour cette position il y a dix jours. Et comme j'étais loin, la compagnie m'invite à un entretien vidéo. Apres avoir défini la date de l'entretien, je décide de passer l'entretien sur place et prends mes billets la semaine suivante.

Voyageur Airways est basé a North Bay, en Ontario. C'est une compagnie qui loue ses avions a d'autre compagnies ou organismes comme les Nations Unies ou la Province du New Brunswick pour les vols medicaux. Ils operent egalement des vols pour le compte d'une compagnie en Suede et a Aruba.

Apres une escale à Francfort, j'arrive à Toronto ou je passe la nuit. Le lendemain je vais à North Bay rencontrer les recruteurs avec qui j'ai rendez-vous à 9 heures. Je prends le telephone à l'entree, me présente, et l'interlocuteur à l'autre bout me dit de revenir dans 5 minutes comme il est encore 8h55. Avant l'heure ce n'est pas l'heure. Je me repointe a 9h00 et trois personnes arrivent et me dirigent vers une salle. Le Dispatch Manager, une responsable RH et une autre dame qui travaille dans l'administration me posent des questions sur mon parcours, mon experience, de leur raconter des moments de stress, de decision que j'ai prise, de passager turbulent, de mauvaise météo, de violation de la reglementation, de non adhérence aux procédures, de conflit avec un collègue en vol ou au sol,... J'avais préparé un document d'environ une centaine de questions avec des réponses rédigées a l'avance pour me préparer et répondre sans trop mettre de temps. Je les ai apprises afin que les réponses soient le plus naturel possible. J'avais aussi préparé un document avec l'historique de la compagnie, le noms des différents dirigeants, du Chef Pilote, du Manager des Operations, la taille de la flotte, et toute info que je pouvais collecter. J'avais aussi prévu quelques questions a les poser si l'on me donnerait l'opportunité.

A la fin ils m'ont demandé de leur expliquer quelques termes techniques. Puis le Dispatch Manager me demande ma date de disponibilité et de prévenir mes références qu'ils seront appelés. Dans le système anglo saxon, très souvent les entreprises demandent des références, ce sont des (ex) collègues, (ex) managers, amis, ou n'importe qui qui vous connait depuis un certain temps et qui pourrait leur renseigner sur la qualité de votre travail et votre personnalité.

Je reprends la route pour les Etats-Unis le même jour, et le lendemain, vendredi, deux de mes amis (un qui était Commandant dans une compagnie canadienne, et l'autre copi chez Vueling en Espagne et ex collegue à Sky Services) m'appellent pour me dire qu'ils ont reçu un appel de Voyageur.

Le lundi suivant, l'assistante RH m'appelle pour me dire que l'entretien s'est bien passé et qu'ils m'offraient le job sur King Air 200 basé a Moncton, dans le Nouveau Brunswick, mais qu'il me fallait passer l'examen theorique ATPL ou l'IATRA. Je lui dit de lui donner ma reponse en fin de semaine. Fin de semaine, je lui envoies un mail avec quelques questions sur la position. Puis on me donne le choix entre plusieurs dates de training.

Dans les mails suivants, je reçois mon contrat à signer et à renvoyer, mes billets d'avion avec réservation de l'hotel. Le training prend environ deux semaines de ground school à North Bay, suivi de deux semaines à Moncton: systèmes de l'avion et qualification dans l'avion. Chaque module a North Bay est validé par un test. A Moncton, je fais trois vols en tout et le quatrième vol est mon test en vol. Arrivée a 7h du matin le dimanche 2 décembre. La météo n'etait pas terrible. J'ai une heure de test oral sur les systèmes de l'avion avec un examinateur, qui était notre Base Manager. Ensuite nous allons à l'avion avec mon instructeur (un des Captains de la compagnie) qui était le Captain et moi en place droite. L'examinateur se met sur le siège arrière et donne des directives via son casque: décollage normal, montée a 5000 pieds environ, décrochage et sortie de décrochage, virages serrés a 45 degrés. On revient pour une approche ILS, suivie d'une remise de gaz, tour de piste, panne moteur et atterrissage d'urgence en monomoteur. Nous avons collecté un peu de givrage lors de l'approche. A la fin du vol, debriefing, et l'examinateur me tend deux épaulettes a 3 gallons. Il signe mon logbook et ma licence où il appose la mention "B200 Type rating", valide pour une année. Un nouveau chapitre vient de commencer.