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Besalampy-Chicago.. Carnet de vol d'un Pilote de ligne malgache..
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10 janvier 2013

12/10/12 : décollage terrible à Ste-Luce !

Après cinq jours de repos, je vais aller chercher des touristes Anglais à Ste-Luce. Ils ont un vol avec Air Mad à 10h, ils ont donc prévu d’arriver à Fort-Dauphin vers 8h. Le trajet fait entre 12 et 15 min. Je décolle de FD à 7h, le vent est très calme, contrairement à la veille où les toits faisaient un bruit terrifiant. Ce matin, la visibilité est très mauvaise, le plafond à 1500 pieds. Prosper est arrivé à 7h moins le quart, il avait dormi à Ifotaka car il a fait deux rotations la veille, et le coucher de soleil l’avait devancé. A son retour, il m’annonce que le relais de la batterie est resté bloqué et la batterie reste allumée même si le contact dans le cockpit est sur position OFF. Il faut alors enlever une coche lors des arrêts prolongés. J’emmène le manager du site de Ste-Luce ainsi qu’un autre employé. Le manager se met à l’avant. On décolle de la 08, et stabilise à 1200 ft. Pas la peine de monter plus haut, on ne voit pas grand-chose. Je suis la côte pour éviter les sommets dans la région. Au bout de 10 minutes, on aperçoit les collines derrière lesquelles se trouve la piste. Je ne fais pas de verticale mais décide de me présenter directement en finale, en contournant ces sommets. Aujourd’hui, l’air est très stable, je fais mon approche comme d’hab, mais on s’arrête un peu plus loin, rien de bien méchant. Au sol, j’effectue un grand virage et remet l’avion dans l’autre sens. Ils descendent, prennent les bagages, et mes passagers du retour sont là. C’est un vieux couple, le Monsieur marche avec une canne, il va se mettre à l’arrière. J’aperçois une fumée pas très loin et m’indique le sens du vent qui fait à peine entre 3et 4 kts.  Je demande à la copine du manager de les embarquer avec leurs bagages dans le sens du décollage. Elle va donc les déposer en Jeep en bout de piste une fois que je l’aurais remonté à vide pour éviter de me coincer lors du virage dans l’autre bout. Un vrai travail. Mais pendant que je jauge le fuel et m’installe à bord, la Jeep me dépassé et m’attend là-bas. Ca ne m’arrange pas trop car je serai limité lors du virage, ils occuperaient de la place mais ils sont déjà trop loin pour les rappeler. On a encore 60 litres dans les réservoirs, assez pour faire un allez retour. Arrivé au bout, je m’aligne, et mets le frein de parc. Je descends et charge les bagages. Ils sont lourds. Je place les deux petits sacs sur la banquette arrière à côté du Papy pour balancer le poids. Les passagers s’installent à leur tour. Au décollage, ça sera toujours la même technique, pieds sur freins et manche vers soi. On l’appelle « Soft field take-off » en Amérique. Tout le monde est attaché, portes et verrières verrouillées, volets sur 18°, landing light sur ON, directionnel recalé, je note l’heure de décollage et l’estimée à FD, frein de parc desserré, pieds sur les freins et avance la manette des gaz doucement. En mode mécanique, y a un trait rouge/blanc à ne pas dépasser sur le tachymètre. La pression atmosphérique à FD est de 1010 hPa, ce qui est faible, car c’est celle-ci qui donne la puissance au moteur. Plus la pression est forte, plus l’air qui entre dans le moteur sera dense et la puissance délivrée sera élevée. Pas de vent, il fait humide, et puis on est lourd. Le décollage va être un vrai challenge. A pleine puissance, je lâche les freins, l’avion avance d’abord lentement puis prend de la vitesse, j’ai le manche cabré vers moi. On est lourd. La roulette de nez reste toujours au sol. On avance, il ne reste que plus que la moitié de la piste. Y a pas de vent ! On dépasse la moitié de la piste, l’avion toujours au sol. Je vois le bout de piste approcher, puis les maisons à côté. Je ne regarde plus la vitesse. Je ne sais pas à quelle vitesse on avance. Je vois maintenant les cocotiers pas très loin. Je prie, je demande l’aide de Dieu, et je tire d’un coup sec sur le manche, l’avion décolle juste à quelques mètres du seuil !! Il ne monte pas vite. Je garde 60 nœuds. Je continue tout droit. Les cocotiers sont quelque part en dessous mais je ne sais pas à quelle hauteur. Je n’y pense plus. A 350 pieds, je rentre les volets à 10, puis à 0, et vire doucement à droite. Je monte à 1500. « Wow », je dis. Je regarde la dame assise à côté de moi. Elle apprécie le paysage. Et le monsieur derrière ses lunettes de soleil à l’air de se reposer aussi. Je finis ma check après décollage, stabilise l’avion, et contacte Tana Info. La visi toujours basse, j’évite de survoler la ville, car les montagnes ne sont pas loin. Je survole la côte pour entrer en vent arrière de la 08. 18 minutes de vol en tout. Ils me remercient, puis je leur demande s’ils avaient eu peur au décollage. Ils mont répondu par la négative et n’ont remarqué rien d’anormal. Tant mieux. Arrivé à l’hôtel, j’appelle notre correspondant et lui dis de limiter les bagages à 30kg au départ de Ste-Luce. Il me promet d’exécuter.

 

Leçon à tirer, s’il fait humide et nuageux, avec un poids lourd, ne pas tenter de décoller sur une piste courte et puis sabloneuse. Un autre jour, on aurait décollé sans problème. Comme y a deux jours, il soufflait bien, et les bagages étaient plus légers.  Une vraie expérience dans mon carnet. Je n’ai pas arrêté d’y penser toute la journée, et même au milieu de la nuit, quand je me suis réveillé j’y pensais.

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Commentaires
R
ça a l'air cool tout ça ... peut tu me dire si les compagnies de brousse embochent du Français sous licence canadienne , en faite je connais la réponse ça serait surtout les visas de travail ma question si t'as des infos se serait bienvenu....bon vol.
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K
en te lisant j ai eu vraiment peur. bon courage pour les prochains vols. <br /> <br /> et bonne annee ;-)
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