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Besalampy-Chicago.. Carnet de vol d'un Pilote de ligne malgache..
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10 janvier 2013

01/10/12: En mission dans le Sud..

Ce mois-ci était calme. L’un de nos principaux clients a ralenti son activité, ses employés sont en congés. On vole alors très peu. J’ai fait 3 vols en tout au mois de septembre pour 7 heures de vol au total. Je reçois alors un coup de fil de notre commerciale qui m’annonce que je vais aller à Fort-Dauphin dans trois jours pour un peu plus de trois semaines, on a un contrat d’une vingtaine d’heures pour le compte d’un organisateur de safaris. On sera deux pilotes, logés et nourris et on se partagera les vols. Le lendemain, petite visite à la compagnie pour mettre tout ça au point. Le surlendemain après-midi, je vais à Antanimalandy pour y emmener des touristes venus tout droit de Paris, ils descendent de leur 737-300 d’Air Mad et une heure et demie après embarquent dans mon petit Cessna. Ils sont trois avec un bébé. Arrivé chez moi à 18h30, je n’ai plus le temps d’aller chez le coiffeur. Tant pis, je me couperai les cheveux arrivé à destination. Je vais quand même à Score chercher un déo.. Arrivé à la maison, je ramasse quelques tee-shirts et des shorts, et deux chemises. En tire quelques caleçons en train de sécher, et hop je ferme la sacoche.

 

A 5h je suis debout. Le taxi vient me chercher à 6h45, et on passe chez Prosper récupérer ses bagages. Sa fille vient avec nous. Elle vient d’avoir son bac, et repart à Tana. On a 300 litres de kérosène. 8h26, décollage. Je suis aux commandes jusqu’à Tana. On monte au niveau 95, le ciel est clair, pas de nuages. Le traffic à Tana calme. La tour nous demande d’abord de rejoindre la vent arrière main gauche pour la 11, puis nous demande directement de joindre la base. 2 heures de vol en tout. Lui, va déposer sa fille à l’extérieur de l’aéroport pendant que je refais le plein avec Total. En embarque 300 litres, les réservoirs sont pleins. On a bouffé 80 litres. On est plus léger, on a débarqué un passager avec ses bagages.

 

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A 11h13, les roues quittent le sol. Je suis toujours à gauche. Après décollage de Tana, on garde l’axe de la piste 11 pour éviter la ville à droite. Et progressivement, on intercepte la route et monte au niveau 85. Le vent est de face, on monte alors au 105. Cap droit sur Fort-Dauphin. 1 heure après, on passe travers Ambositra (ville au Sud d’Antsirabe), quelques dizaines de minutes après, Fianarantsoa, et Ambohimahasoa. Puis, on prend un cap vers la gauche pour éviter les chaînes montagneuses. Au loin, on aperçoit la mer, c’est l’Océan Indien. Environ 30 minutes après, droit devant nous la ville de Vohipeno. On suit la côte. Successivement, on passe par Farafangana, Vangaidrano, Manantenina, Manambato, et puis finalement Sainte-Luce, une des pistes où on va emmener nos touristes de luxe. On est descendu par palier, libérant le niveau 105, puis 85, 65, 45. On effectue un passage bas pour apprécier la piste de Ste-Luce. Elle semble praticable, des collines dans l’axe de la 06 et des cocotiers dans l’autre, et puis la mer à l’Est. Elle est en herbe et fait 460 mètres. On va également voir l’autre piste à 3 nautiques. Celle-là est plus longue et sablonneuse. On monte à 1500, droit sur Fort-Dauphin. La radio pas terrible, car l’antenne VHF est située de l’autre coté des montagnes. La plage est magnifique !! L’eau est de couleur bleue turquoise, et de grandes vagues viennent frapper le sable blanc. La piste est située à droite des grandes chaînes de montagnes. Les minimas en IFR sont à 4000 ft. Vue d’en haut, la ville est très jolie. Les routes sont faites il n’y a que quelques jours. Tour de piste main droite, on atterrit à la 08. Il est 14h48. On se dirige vers le terminal, le temps d’aller pisser et on retourne à l’avion.

 

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Prosper prend les commandes, on va voir la piste à Ifotaka avec un représentant de MCC (Madagascar Classic Camping), notree nouveau boss. Après décollage, virage à droite, on survole la mer, puis cap à l’Ouest en suivant la rivière Mandraré. A gauche, Amboasary, le village de Prosper. On reste à 3000 ft. La piste à Ifotaka ne présente pas problèmes particuliers au décollage ni à l’approche, à part des arbres de sisal dans l’axe de la 26. On fait une verticale puis on atterrit. Elle fait 700m. Décollage sur freins, et retour sur Fort-Dauphin qui sera désormais notre nouvelle base. Au retour, on a droit à un joli spectacle de dauphins vu des 1500 ft ! En tout, 7 heures de vol depuis ce matin. Un pilote français qui travaille pour une société de pêche est également là pour nous proposer son aide au cas où on voudrait prospecter les deux pistes. Il arrive un peu tard, on vient de les visiter. On sécurise l’avion, et prend nos bagages. On monte dans leur Nissan Patrol pour nous diriger à l’hôtel. Qu'est-ce qu'on a mal aux fesses !! Arrivé à l'hôtel, chacun un studio, c'est propre, climatisé et très spacieux. C’est impec. Les repas sont également pris en charge. On n’a qu’à commander au resto qui est là. Demain on ira voir l’avion et demander au proprio du hangar de nous prêter une petite place.

 

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Jour 1 : le taxi est là pour nous conduire à l’aéroport. On déplace l’avion du parking devant le terminal pour le mettre dans le hangar de la société de pêche, Martin Pêcheur. On va également visiter les gars de Total. L’après-midi, on a remplit les papiers de l’avion, appelé Majunga pour leur donner notre programme des vols.

 

Jour 2 : Prosper fera une rotation sur Ifotaka, puis une autre d’Ifotaka à Sainte-Luce, et retour sur FD.

Jour 3, repos.

Jour 4, j’ai fait un vol sur Ifotaka, ensuite sur Sainte-Luce et retour à vide sur FD. Le vent était assez fort. A Ifotaka, il est de travers. Arrivé là-bas, le grand boss de MCC me dit que s’il est impossible d’atrerrir à Sainte-Luce, on rentre directement à FD. Il l’a aussi expliqué à ses touristes. Au décollage, pas de problème. L’axe est bien dégagé. Entre Ifotaka et Ste Luce y a des montages qui culminent à plus de 3000 pieds. Il faut alors monter à 4500 ou bien passer par la mer. J’opte plutôt pour la deuxième option, car avec ce vent pareil, je risquerai d’avoir de fortes turbulences au-dessus des sommets, et laisser mes pax admirer la mer que les montagnes. Après trois-quarts d’heure de vol, je passe par-dessus de la colline à Ste Luce, nous sommes bien secoués. Le vent souffle très fort, la 06 en service. Je fais un passage très bas après avoir passé les collines pour apprécier l’état de la piste. Ca turbule. Une Jeep attend les passagers. Je remonte à 500 pieds, virage à gauche, et je stabilise à cette altitude. Il y a une rivière qui croise l’axe de la 06 avant les collines. En fin de vent arrière, je suis cette rivière, l’étape de base est un peu bancale, car pour éviter ces collines, je converge vers la piste puis remets dans l’axe à la dernière minute. Un peu le style d’approche à Qaitak (Hong-Kong) où les 747 font le même genre d’approche pour éviter les bâtiments dans l’axe de la piste. L’avion bascule toujours à droite et à gauche, le vent est violent. J’approche à 70 nœuds. Les volets sont sur position Full (40°). Je coupe les gaz, continue à piquer pour toucher le plus tôt possible. La piste ne fait que 430 mètres ! On touche, je rentre tout de suite les volets et freine à fond, je rajoute de la puissance une fois que la vitesse est stabilisée pour éviter que l’hélice câle, car sur mode mécanique le ralenti ne tient plus. (Au décollage d’Ifotaka, l’ECU est tomb en panne, j’ai poursuivi le vol en mode mécanique. En brousse, on n’a pas de mécanos, on fait avec les moyens qui existent..:/ ). J’accélère pour éviter d’être enfoncé dans le sable mou, ouvre les volets de capot et m’arrête au bout. Les deux pax ont l’air éveillé. Moi aussi. Mon premier atterrissage sur cette piste un peu atypique, et je l’ai réussi. Je laisse la température du turbo baisser avant d’arrêter le moteur. Ensuite ouvre les portes, et commence à détacher la ceinture. Je me tourne vers ces vacanciers et leur dis que c’était une belle expérience pour moi. La dame à l’arrière me dit « pour moi aussi !! ». Bizarrement, ils sourient. Ah.. c’est parce que si j’avais raté mon coup, ils seraient rentrés à FD ! on descend, je débarque leurs bagages. La dame me prend en photo et me dit que je suis son héros !! :) Elle est allemande ;),  son mari un sud af blanc. Ils montent dans leur Jeep, tandis que je vais maintenant devoir tourner l’avion et remonter la piste. Les ouvriers qui travaillent pour la société de langoustes sont là pour m’aider à sortir l’avion. Je soulève la roulette de nez en poussant vers le bas sur l’empennage horizontal alors que les mecs poussent l’avion vers la gauche. Il faut encore pousser, je n’ai pas assez de force. Deux gars baissent à ma place l’empennage, et on arrive à remettre l’avion dans le sens de la piste. Je démarre le moteur, mais impossible de faire bouger cette ferraille. A mon signal, ils poussent  vers l’avant et je réussis à m’avancer. A l’autre bout, j’effectue un virage à grand rayon et poussant sur les gaz et met l’avion dans le sens de décollage.

 

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J’aurais pu faire pareil après le toucher, mais Prosper était bloqué la première fois où il est arrivé ici, car il avait plu la veille. J’ai donc suivi son conseil mais la boue avait déjà séché. J’arrête le moteur et j’aperçois les ouvriers venir vers moi. Je leur donne du bakshish pour leur aide, et les rassure que je reviendrai demain. Au décollage, pieds sur les freins et le manche tiré à fond vers moi. Pleine puissance, l’avion accélère doucement puis prend de la vitesse. A mi-piste, la roulette de nez décolle avant la vitesse de rotation par effet de sol. J’attends le train principal décoller à leur tour, l’alarme de décrochage sonne, puis pousse sur le manche pour garder l’avion en palier. Il accélère et une fois les cocotiers juste en face sont passés, je rentre les volets par cran, et effectue un virage à droite. En dessous, la mer bleue et le sable fin de Sainte-Luce défilent. Lors de mes premiers cours à Saint-Cyr, Claude, mon instructeur, m’avait appris à ne jamais dépasser 20° d’inclinaison en virage. J’ai gardé ce principe, quelque soit l’avion. Je reste à 1500 ft, FD est à 12 minutes de là. Demain, je refais le même trajet. Le vent était pareil, même consigne du boss, on atterrit à Ste-Luce de la même manière, et je rentre à vide en base.

 

Quelques photos du site touristique de Ste Luce..

 

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