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Besalampy-Chicago.. Carnet de vol d'un Pilote de ligne malgache..
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17 septembre 2012

22/08: transfert de fonds

7h00 locales: on décolle de la piste de Majunga. Le vent est du 160 à 8kts. On a un passager à l'arrière et un gros sac de liasses. Ce sont les salaires des ouvriers d'une multinationale de production de tabac. Le trajet aller sera effectué par mon collègue Mike*. La piste de Miandrivazo est complètement nouvelle pour moi, ce vol sera donc une "familiarisation terrain" pour prendre mes repères et appréhender l'approche. C'est un terrain à 240 milles nautiques (NM) à peu près 445km, située au bord du fleuve à côté des montagnes. Tout se passe normalement, à part quelques problèmes de comunication avec la fréquence de Tana Info (SIV de Tana). On balance donc toutes les infos "en l'air" sur leur fréquence et on bascule en auto-info sur 118.10MHz. Le paysage à Majunga est relativement plat et sans relief particulier. Mais plus on descend vers la capitale, plus le relief s'élève pour culminer jusqu'à 6000 pieds. Notre route reste à droite de ces reliefs, on a toutefois quelques sommets à 3000 pieds. On a une dérive de 20° à gauche, et un vent arrière de 15 kts. On est en avance de 10 minutes sur notre estimée. On vole au niveau 105 (10,500 ft). A 8h46, on débute notre descente. On a perdu le contact radio avec Tana Info, on est donc en auto-info. Il n'y a pas de trafic sur notre trajectoire, à part un Cessna Caravan qui va sur Maintirano, au Nord Ouest de notre destination.A 15 Nm Pour éviter les montagnes, on dévie vers la droite pour cheminer dans la vallée. La ville de Miandrivazo est située au bord du fleuve, et la piste est juste au Sud, orientée 16/34. La piste 16 présente un sommet dans l'axe de décollage. Le TAF (Terminal Aerdorome Forecast), prévision météorologique, nous donne un vent du 240 à 10 kts à Morondava. On anticipe la piste 34, mais le vent était plein travers lors de notre verticale terrain, on prend alors la 16. C'est une piste goudronnée. Après avoir la vent arrière main gauche, on se pose au seuil, en gardant la roulette de nez en l'air le plus longtemps possible pour éviter de l'endommager. On se dirige vers le parking où on ne voit personne, à part une dizaine d'enfants se précipiter pour voir notre Cessna. C'est une scène qui se produit presque à tous les vols en brousse: les villageois se précipitent pour voir notre atterrissage. Ils attendent tout le temps qu'il faut jusqu'à notre départ. Ca me rappelle notre enfance à Tuléar où on assistait aux arrivées et départs des Boeing 737 d'Air Madagascar. L'aéroport se situant à 10km de la ville, on prenait part à ce beau spectacle à chaque fois que l'on devait chercher où déposer des proches...

 

Mike pose la question au passager pourquoi il n'y a personne? A notre départ, des gendarmes et des agents de sécurité étaient venus l'escorter. Il s'étonne également et puis demande le nom de la ville. On lui dit "Miandrivazo". Le mec s'exclame.. "Ah mais c'est à Ambatolahy que je dois me rendre !" On se regarde tous les trois, mais on a vite compris que la mauvaise information venait de leur part. Mon collègue appelle la compagnie et lui appelle sa boîte. Après quelques coups de fil par-ci et par-là, on reçoit finalement l'autorisation de l'Aviation Civile (ACM) pour Ambatolahy. A Mada, tous les vols sont soumis à l'autorisation préalable de l'ACM, même les vols d'entraînement. Après quelques clichés, on remonte dans l'avion et s'aligne à la piste 16. Le vent est calme. On reste à 2500 ft, c'est un vol de 18 minutes.

 

J'étais déjà venu à Ambatolahy avec un des pilotes seniors de la compagnie, Roméo*. Piste en herbe, orienteé 27/09. Même scénario, les villageois sont déjà là au bruit du moteur. Ils font presque la course avec nous. On se pose en 27. On aligne l'avion dans le sens du décollage en 09, arrête le moteur et décharge la soute à bagages. Un Nissan pickup est là avec 2 individus récupérer le pax et le poignon. Après une remarque pas très sympathique du fait de nous être posés à Miandrivazo, je vérifie notre carburant, effectue une visite prévol et on s'installe aussitôt à bord. D'autres villageois ayant loupé le spectacle, courent sur la piste en notre direction. Je démarre le moteur et mets le phare sur ON pour les écarter de la piste. L'avion est déjà aligné, j'effectue la check avant décollage. La piste est assez longue, on est léger, je laisse les volets rentrés. Pleine puissance 2150 RPM, pas d'alarme, badin actif. Je garde la roulette de nez en l'air, et l'avion décolle avant la vitesse de rotation (55kts) par effet de sol. Je le garde en palier pour accélérer et tire sur le manche pour monter. A 200 ft sol, virage à gauche. On à 2 heures 15 de vol ! On monte au niveau 095 (9500 ft). On reste dans la vallée jusqu'à 3000 ft environ avant de reprendre notre route. On monte à 100kts sol ! Un bon vent arrière nous poussera à 130 kts en croisière (105 kts indiqués). La radio avec Tana Info est souvent non recevable au-delà d'une certaine distance. Un vol d'Air Mad nous appelle pour relayer notre position et estimée. à 150NM, j'appelle Majunga qui nous autorise à pénétrer dans sa zone et demande de rappeler pour la desscente. Mike sort un bouquin pendant que je lis ma carte. Il y a très peu de repères au sol. La plupart du paysage étant des collines et quelques petits villages assez espacés. Des fleuves viennent enfin décorer le paysage monotone. A 50 nautiques, je débute la descente. Le contrôleur nous demande de nous reporter en vent arrière main droite pour la 14. Le vent est à 20kts du 160. On intègre la vent arrière par un virage à gauche au Sud de la ville (interdite de survol). Le vent est à 16kts et rafales à 20kts. Ca turbule en finale. Les volets sont plein sortis, la vitesse entre 75 et 80kts, la main droite sur la manette des gaz. Le plan est correct, la vitesse aussi. On poursuit la descente. On est autorisé à atterrir.. ou remettre les gaz ! Au seuil de piste je coupe les gaz, la vitesse est à 70kts, je laisse toujours l'avion descendre, et puis j'arrondis.. je garde le manche dans le vent.. il refuse de toucher et je le garde en palier.. et puis les roues touchent... Je garde l'axe et le manche toujours dans le vent. Je rentre les volets, et freine, la vitesse est stabilisée. La tour nous demande de dégager la piste pour notre parking où nos autres collègues mécanos nous font un signe des bras pour nous diriger vers le hangar. Un plaisir toujours aussi intense que la première fois.. Notre rêve ne se réalise que si l'on souhaite vraiment..

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